Reseña del libro "Sanguis martyrum (en Francés)"
PRINTEMPS CHRÉTIEN Il devait être près de la onzième heure lorsque les voyageurs, après avoir descendu une forte pente, au flanc d'une colline boisée, se trouvèrent tout à coup en face d'une rivière. En ces premiers jours de mai, la lumière se prolonge très tard. Derrière les parasols des pins, criblés de rayons aigus et vifs comme des aiguilles de cristal, l'orbe éblouissant du soleil s'inclinait à peine vers les cônes violets des montagnes. Sans même la présence des deux légionnaires à cheval, qui précédaient le convoi, le nombre des serviteurs, la netteté de leur accoutrement, et la bonne apparence des bêtes de somme eussent annoncé tout de suite le cortège d'un personnage important. Le jeune soldat brun, qui marchait en tête, arrêta brusquement sa monture devant la tête du pont en dos d'âne, dont l'arche unique était rompue. Les pluies printanières avaient fait déborder la rivière torrentueuse et emporté une des piles. Cependant, en bien des places, le lit caillouteux était à sec. Au milieu, par une sorte de chenal profondément raviné, une masse d'eau écumeuse et jaunâtre précipitait son cours inégal, en rebondissant contre des obstacles invisibles et en roulant des paquets d'herbes et de branchages. Alors, un des muletiers se détacha de la colonne, retroussa vivement autour de ses reins sa longue blouse de toile jaune rayée de blanc, et, s'appuyant sur un bâton ferré, il s'apprêta à descendre dans le lit de la rivière, pour voir si les chevaux et les mulets pouvaient passer: ceux-ci, stupides, se seraient laissé entraîner par le courant et noyer infailliblement, sans essayer même de se sauver. On jeta au muletier une longue corde, qu'il noua à sa ceinture, afin qu'on pût le retenir si, par hasard, le courant l'emportait.