Reseña del libro "Le malheur d' Henriette Gerard (en Francés)"
Ce roman a été écrit en 1856 et 1857. Il paraît donc trois ans environ après le jour où il a été terminé. Si l'auteur rappelle par là qu'il avait vingt-quatre ans au moment où il finissait son livre, c'est afin qu'on ait plus d'indulgence envers lui. Il pense d'ailleurs que chaque chose devrait paraître à l'heure où elle a été faite. Sinon, l'écrivain pourrait être exposé à ce qu'on se méprît sur son compte. La première oeuvre qui sort de la plume est quelquefois la moins bonne, quelquefois la meilleure: il est par cela même important qu'elle soit classée à sa date. CHAPITRE Ier les pantins avec leurs ficelles À une demi-lieue de Villevieille, chef-lieu d'arrondissement, se trouve une jolie propriété qu'on appelle les Basses-Tournelles. La maison d'habitation est gaie, le parc assez grand. Les terres qui en dépendent, très fertiles, produisent un revenu d'environ quinze mille francs. Cette maison gaie, entourée de gazons et de jeunes bois, a renfermé une famille dont les troubles intérieurs et les catastrophes ont beaucoup préoccupé le pays, d'autant plus qu'elle avait d'abord paru fort unie, et d'apparences presque patriarcales, sous lesquelles la malignité provinciale eut quelque peine à démêler les plaies et les désordres. Le père, M. Pierre Gérard, s'était placé à la tête de l'agriculture de l'endroit et les gens qui considéraient le propriétaire important, l'éleveur de beaux boeufs, ne s'inquiétaient pas de la largeur de son sens moral, et n'analysaient point sa physionomie rusée, matérielle et un peu basse. La mère, femme de quarante-deux ans à peu près, dure et froide de visage, représentait, pour la société de province, un type de distinction parisienne. On accordait à madame Gérard la réputation de la femme la plus spirituelle du département. Elle avait pris l'initiative de la charité et de la philanthropie dans le pays, où quelques établissements de bienfaisance se fondèrent par ses soins. Un prêtre estimé à Villevieille, M. Euphorbe Doulinet, curé d'une des paroisses de la ville, était son directeur et semblait posséder une grande influence aux Basses-Tournelles. Les personnes qui furent invitées chez madame Gérard, et qui lui rendirent des visites, virent toujours dans son salon M. le curé Doulinet, qui était le commensal assidu et respectable de la maison et M. Moreau de Neuville, président du tribunal de Villevieille, qui passait pour un esprit caustique et un homme de la meilleure compagnie.